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Se loger

La plupart des habitations construites par les hommes préhistoriques ont disparu car construites en matériaux périssables. Cependant certaines ont été construites, parfois partiellement, en pierre ; d’autres ont laissé des traces aussi ténues que des empreintes de trous de poteaux ou des pierres de calages qui permettent de proposer des restitutions de la partie en élévation. Parfois l’habitat était aménagé dans un abri-sous-roche ou l’entrée d’une grotte ce qui a permis une bonne conservation des vestiges d’activités domestiques.
Il est souvent difficile de connaître la durée et la périodicité des occupations mais certains indices permettent généralement de différencier les groupes nomades des groupes sédentaires ou semi-sédentaires.

Nomades et sédentaires

La mobilité au Paléolithique

La norme en termes de mode de vie au Paléolithique est le nomadisme en rapport avec une alimentation basée sur la chasse et la cueillette. En effet l’exploitation des ressources naturelles d’un territoire impose le plus souvent un déplacement saisonnier. L’étude des sites archéologique permet généralement d’identifier leur mode d’utilisation : chasse, exploitation du silex, occupation très ponctuelle, ou récurrente… Lorsqu’on identifie plusieurs sites de fonction différente sur un même territoire, il est permis de penser que c’était le même groupe qui utilisait ces sites.

Deux stratégies possibles d’exploitation du territoire : mobilité stratégique durant les périodes froides avec un camp principal et des camps périphériques ; mobilité résidentielle durant les périodes tempérées avec un camp unique régulièrement déplacé.

Par exemple, la bande dessinée montre un groupe de néandertaliens qui réside dans un grand campement saisonnier et envoie certains de ces membres chasser quelques jours à partir d’un petit campement périphérique. En même temps, un autre groupe de la même communauté part en exploration et s’installe à l’entrée d’une petite grotte le temps d’un bivouac

Dessin K. Bazot

Sédentarité et mobilité au Néolithique

Le passage du nomadisme à la sédentarité ne s’est pas opéré brutalement. Au début du Néolithique, les premières populations d’agriculteurs sédentaires ont vraisemblablement cohabité avec les dernières communautés de chasseurs – cueilleurs de tradition mésolithique . Des mésolithiques ayant fabriqué et utilisé des poteries ainsi que des néolithiques ayant repris à leur compte des techniques de production de pointes de flèches mésolithiques témoignent des contacts qui ont eu lieu entre ces deux entités culturelles. Néanmoins, comme on peut l’observer encore dans certaines parties du monde, la cohabitation entre ces deux formes radicalement différentes de relations avec le milieu naturel a certainement dû engendrer des conflits.

Même au sein des populations néolithiques, la sédentarité n’était pas totale. À l’échelle de l’ensemble de la communauté, il était parfois nécessaire d’abandonner le village lorsque les terres alentours étaient épuisées. Au sein du groupe, les bergers devaient déplacer le troupeau de manière saisonnière pour lui assurer une alimentation régulière. Le site de la Baume de Ronze, à Orgnac-l’Aven qui présente des vestiges d’occupation temporaire récurrente comme bergerie, illustre cette mobilité saisonnière des bergers.

La Baume de Ronze. Orgnac l’Aven. Ardèche

Scénario possible d’utilisation de la Baume de Ronze au Néolithique moyen. Dessin K. Bazot

À la fin du Néolithique, même si le défrichage et l’élevage devaient encore nécessiter une certaine mobilité, un indice nous montre que les communautés paysannes cherchent à s’installer plus durablement : les dolmens. En effet, la construction de véritables nécropoles constituées de monuments imposants destinés à être vus de loin, semble indiquer une volonté de s’approprier le territoire. Ceci a pu conduire à des tensions entre communautés comme le suggèrent les traces de violence accrue qui apparaissent à cette époque comme des blessures occasionnées par des pointes de flèches en silex.

Les « hommes des cavernes »

Au début des recherches sur la Préhistoire, dès le milieu du XIXème siècle, les archéologues trouvaient la plupart des vestiges dans des grottes car ils y étaient mieux conservés. De là est né le mythe de l’homme des cavernes.
Même s’ils ont souvent exploité l’entrée des grottes et autres abri-sous-roche pour installer leurs campement, les populations paléolithiques comme néolithiques se sont, le plus souvent, installées en plein air dans des tentes ou des constructions en bois , voire en pierre.

Évocation d’un campement néandertalien sous un abri-sous-roche naturel. Dessin K. Bazot

Ils ont cependant parfois utilisé les parties profondes des grottes pour divers besoins :
Les sépultures ; récupérer de l’eau ; extraire de l’argile ; dessiner

Extraction d’argile dans une grotte.
Dessin B. Clarys

Dessinateur à l’œuvre au Paléolithique supérieur.
Dessin B. Clarys

La tente paléolithique

À proximité de la Cité de la Préhistoire, nous avons construit une tente en bois et peaux évoquant une habitation de la fin du Paléolithique. Si des fouilles ont permis de mettre en évidence des habitations légères de plan circulaire, nous n’avons aucune information sur les structures en élévation, entièrement décomposées. Néanmoins, les études ethnologiques montrent que cette solution est plausible car facile à monter et à déplacer mais d’autres types, comme des tipis par exemple, sont tout aussi pertinents à partir des mêmes vestiges au sol.

Démonstration d’allumage de feu devant le tipi de la Cité de la Préhistoire

La maison néolithique

Si les vestiges de maison sont très rares, certaines fouilles ont livré suffisamment d’indices pour produire les évocations présentées dans la Cité de la Préhistoire : maisons ovales à partir des résultats des fouilles de la Baume de Ronze à Orgnac-L’Aven ou maison engagée dans le lapiaz à partir des résultats de la fouille du site de Chamontin à Labeaume.

Évocation d’une maison du Néolithique récent installée dans une fissure naturelle.
Dessin K. Bazot

Détail d’une maquette de la Cité de la Préhistoire.
Photo G. Mazille

Restitution d’une des cabanes de la Baume de Ronze.
A. Beeching et E. Thirault

 

Cependant certaines questions, comme les matériaux utilisés comme couverture restent sans réponses. Dans nos régions le chaume est vraisemblable car la culture des céréales y est attestée

Les habitats défensifs de l’âge du Bronze

En Ardèche et dans le nord du Gard, plusieurs sites archéologiques des âges du Bronze et du Fer se présentent comme un éperon rocheux naturel barré par un mur de pierre sèche.

Il s’agit d’habitats défensifs qui évolueront vers les oppida à l’époque romaine. La position en hauteur ajoute à l’aspect défensif en permettant de surveiller les alentours. Néanmoins, cette position assure aussi une visibilité de la communauté qui contrôle le territoire, il s’agit autant d’être vu que de voir.

Si l’épaisseur des murailles de protection à un indéniable rôle défensif, elle sert aussi à signaler la puissance de la population qui l’a érigée.

Éperon barré de Charaubarès sur le massif volcanique du Coiron. Sceautres. Photo F. Chalmeton