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Les outils, souvent réalisés en matériaux tenaces, constituent la partie la plus importante de la documentation archéologique préhistorique. Cependant, l’archéologue n’en retrouve en général qu’une partie car si certains outils, comme les poteries et les outils de pierre les plus primitifs, sont entièrement en matière minérale, ils étaient le plus souvent composites. Ainsi, malgré une pléthore de pointes de projectiles en pierre, les armes de jet complètes, lances, sagaies, flèches… sont rarissimes. C’est par une observation minutieuse de l’objet, par l’expérimentation et en collectant des informations ethnologiques que le préhistorien pourra produire un modèle plausible de l’outil complet, fonctionnel.

Les outils en silex

Si d’autres roches ont été utilisées pour produire des outils tranchants (basalte, quartzite, quartz…), le silex est, de loin, la plus utilisée en vertu de la finesse de son grain. Il est constitué de microscopiques cristaux de calcédoine (cristal proche du quartz) qui lui confèrent deux propriétés appréciées des tailleurs : la possibilité de faire des tranchants extrêmement fins et une transmission des ondes de chocs sans altération par le réseau cristallin comme c’est le cas pour le quartz. Ainsi, seuls la force, l’angle et le point d’impact déterminent la cassure du matériau. Le tailleur maitrise donc totalement le résultat final… théoriquement ! En effet, d’éventuels défauts dans le matériau peuvent altérer la propagation de l’onde de choc. De surcroit, plus le résultat recherché est élaboré plus le geste devra être maitrisé… Ce qui ne s’acquiert qu’avec des années de pratique.

Deux approches se distinguent dans la taille du silex :

Le façonnage,

À partir d’un bloc, le tailleur détache des éclats jusqu’à produire la forme recherchée : galet aménagé ou biface. Plus simple à aborder, cette méthode ne permet de produire qu’un outil par bloc, généralement assez massif et épais. Bien sûr, une partie des éclats pourra être récupérée pour produire de petits outils tranchants et pointus mais leur forme est aléatoire.

Chaine opératoire de la taille d’un biface

Biface expérimental et ses éclats de façonnage

Le débitage,

Cette méthode se divise en trois étapes : préparation d’un bloc aux formes précises appelé « nucléus » ; production d’éclats standardisés dont la taille et la forme sont déterminées par la taille et la forme du nucléus ; retouche des éclats bruts par percussion ou pression afin de leur donner la forme souhaitée.

Chaine opératoire de la taille d’éclats Levallois

Nucléus Levallois. Aven de l’Arquet. Barjac. Gard

 

Éclat Levallois brut. Abri du Maras. Saint-Martin-d’Ardèche

Pointe moustérienne réalisée à partir d’un éclat Levallois retouché. Abri du Maras. Saint-Martin-d’Ardèche

Dans les deux cas, divers matériaux peuvent servir de percuteur : galets de duretés variables, bois animal (cerf ou renne), bois végétal.

Percuteur dur expérimental en pierre

 

Percuteur tendre expérimental en bois de cerf

Plusieurs techniques de débitage se sont succédé ou ont parfois cohabité. En Europe, on distingue essentiellement le débitage Levallois du Paléolithique moyen et les débitages laminaire et lamellaire du Paléolithique supérieur et des époques suivantes.

Chaine opératoire du débitage laminaire

 

Nucléus à lamelles. Grotte de Boidon. Grospierres. Ardèche

Lame brute. Baume d’Oulen.
Labastide-de-Virac. Ardèche

Grattoir sur lame. Grotte Chabot.
Aiguèze. Gard

 

Attesté dès le Néolithique moyen mais probablement utilisé antérieurement, le débitage par pression permet d’appliquer la contrainte plus précisément que par percussion afin d’extraire des éclats plus fins et plus longs. Cette technique nécessite des pressions énormes obtenues grâce à des béquilles pectorales ou des systèmes de leviers. Par ailleurs, la chauffe du silex a été régulièrement pratiquée au Néolithique pour faciliter sa taille.

L’emmanchement

Si certains outils, comme les bifaces, ont pu être utilisés directement à la main, la plupart des « outils » en silex sont en réalité ce qu’il reste d’outils composites comportant un manche en bois, en os ou en corne. Parmi ceux-ci, les manches en os ou en bois animal sont ceux qui se sont le mieux conservés mais de rares manches en bois ont été retrouvés dans des contextes particuliers comme le fond anoxique de certains lacs.

De rares traces de bitumes naturels et de résines végétales sur les objets en silex attestent de collages. Il est probable que les tendons et boyaux étaient utilisés comme ligatures pour parfaire la fixation de la partie en pierre sur la partie en bois.

Fac-similé de sagaie composite avec une ligature en tendon animal

Évolution des techniques de taille

Depuis les galets aménagés vieux de plus de 3 millions d’années identifiés en Afrique de l’Est (Site de Lomekwi au Kenya), jusqu’aux délicats poignards sur lame de la fin du Néolithique, l’évolution des techniques de taille se traduit globalement par un allégement des productions et une augmentation de la longueur de tranchant pour une même quantité de matière brute. Néanmoins, au-delà de cette vision linéaire, des outils massifs ont été produits à toutes les époques et dès les périodes les plus anciennes, les petits éclats de façonnage ont été utilisés parallèlement aux lourds outils façonnés. Par ailleurs, les premiers outils sur lame au Proche-Orient sont contemporains des bifaces moustériens européens.

Des productions parfois très standardisées

La motivation première du tailleur est de produire un outil efficace, adapté à l’usage recherché. Cependant, la standardisation de certaines productions laisse penser qu’il appliquait aussi des traditions techniques. Ainsi, durant toutes les périodes, certaines armes et outils en silex sont représentatives d’époques et d’aires géographiques bien déterminées. Par exemple, les pointes de projectiles du Paléolithique supérieur permettent d’identifier des populations partageant certains traits culturels.

Des productions pas seulement utilitaires

Au-delà d’objets dont la fonction utilitaire est attestée, notamment par des traces d’usures, les artisans produisent aussi des objets dont le but est aussi, voire seulement, de valoriser la personne qui le porte. Plusieurs critères permettent d’identifier ce type d’objets de prestige : la complexité des techniques utilisées et la dextérité requise pour les mettre en œuvre ; une recherche esthétique qui n’apporte rien à la fonctionnalité de l’objet ; parfois une fragilité du produit fini qui exclut son utilisation en tant qu’outil ; le recours à un silex de très grande qualité, souvent d’origine lointaine. La découverte de tels objets en contexte funéraire plaide aussi en faveur d’objets de haute valeur.

Les outils en pierre polie

Dès le début du Néolithique, les premiers agriculteurs ont eu besoin de tranchants plus résistants aux chocs pour les haches ou les herminettes, utilisées pour travailler le bois ou pour le travail des champs. Si certains outils en silex taillés ont pu servir de lames de hache, les tranchants taillés sont généralement trop fragiles pour résister à des chocs contre des matériaux durs.

Fac-similé de hache à lame de pierre polie. Photo F. Prud’homme

Fac-similé d’herminette à lame de pierre polie. Photo A. Dubouloz

La réponse technique est la production de tranchants polis. Moins aigus ils sont aussi moins coupants mais plus solides. Si le silex a pu être poli, dans nos régions se sont essentiellement des roches volcaniques métamorphisées d’origine alpine, regroupées sous le terme générique de « roches vertes », qui ont été choisies. Aussi dures que le silex elles sont aussi moins cassantes ce qui en fait des matériaux de choix pour des lames de haches.

Expérimentation de polissage. Photo F. Prud’homme

Lame de hache en roche verte polie. Photo F. Prud’homme

Cependant, d’autres roches plus abondantes, comme les basaltes, ont d’excellentes propriétés techniques et n’ont été que rarement utilisées. Il semble donc que l’attrait pour les roches vertes ne réponde pas qu’à des préoccupations techniques.
De plus, comme pour les objets en silex taillé, on trouve des lames de hache dont la qualité, leur niveau de polissage notamment, va bien au-delà de ce qui est nécessaire pour couper un arbre.

Les autres outils en pierre

Les autres outils en pierre que les archéologues peuvent trouver sur des sites occupés durant la Préhistoire sont essentiellement des meules, souvent en grès ou granite, accompagnées ou pas de leurs molettes, utilisées pour moudre les céréales ou d’autres graines. On trouve parfois des pierres creusées, naturellement ou pas, ayant pu servir de godet, voire de lampes à graisse ainsi que des polissoirs en grès utilisés pour polir la pierre ou l’os.

Des galets bruts mais manifestement apportés par l’homme dans le site étudié ont pu servir à de nombreux usages ; percuteurs, lests de filets ou de métiers à tisser, lissoirs … Seules d’éventuelles traces d’usure permettent d’en comprendre le mode d’utilisation.

Meule et molette néolithiques. Photo B. Dupré

Galets de schiste encoché pouvant servir de lest de filet de pêche ou de métier à tisser. Photo F. Prud’homme

Lissage d’une poterie au galet

Les outils en os et autres matières dures d’origine animale

L’outillage en os est rare avant le Paléolithique supérieur mais son utilisation, le plus souvent brut, est cependant attestée chez Néandertal, notamment par la découverte de percuteurs en os.

Avec le Paléolithique supérieur, l’os est couramment utilisé pour la confection d’armes : pointes de sagaies et harpons. Il a servi aussi à produire des percuteurs pour la retouche fine d’objets en silex, des lissoirs et des poinçons pour le travail de la peau ainsi que des coins pour fendre le bois. Un outil emblématique de cette période est l’aiguille à chas dont quelques exemplaires ont été trouvés en Ardèche.

Pointe de sagaie en os de la grotte de la Salpêtrière. Remoulins. Gard

Petit percuteur en os pour la retouche d’outil en silex, appelé retouchoir. Grotte de Saint-Marcel-d’Ardèche

 

Les bois animaux, de cerf et de renne essentiellement, de nature très proche de l’os ont pu être utilisés pour les mêmes usages.

Pointe de sagaie cylindrique en bois de cervidé. Baume Bâtie. Berrias-et-Casteljau. Ardèche. Photo F. Prud’homme

L’ivoire de mammouth a aussi servi à produire des outils mais il était le plus souvent récupéré sur des animaux morts naturellement plutôt que sur des animaux chassés. Il était cependant généralement réservé à des productions plus prestigieuses comme les œuvres d’art et les bijoux.
Au Néolithique, des outils similaires sont produits, poinçons, ciseaux, lissoirs, retouchoirs… mais le plus souvent à partir d’os d’animaux domestiques.

Poinçon en os de bovidé. Grotte du Pontiar. Vallon-Pont-d’Arc. Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Au Paléolithique comme au Néolithique, les dents des animaux ont été souvent utilisées comme parure. Certaines exerçaient une telle attraction qu’elles ont donné lieu à des imitations en calcaire !

Perle sur dent de cerf. Abri du Saut du Loup.
Bidon. Ardèche

Pendeloque sur incisive de castor.
Aven Jacques. Lussas. Ardèche.

Les objets en céramique

Les plus anciens objets en céramiques connus sont des statuettes trouvées sur un site de Moravie (République tchèque), Dolni Vestonice, vieilles de près de 30 000 ans. Les plus anciennes poteries sont chinoises (site de Xianrendong, dans la province de Jiangxi) et datent de 20 000 ans. En France vers -5800 ans seulement, au début du Néolithique, la technique étant importée depuis le Proche-Orient.

La technique

L’argile est un matériau très courant et attractif par sa plasticité. Les humains ont dû apprendre à la modeler très tôt. Il est probable que sa capacité à durcir de manière irréversible à la cuisson ait été découverte accidentellement, par exemple après avoir installé un foyer dans un sol argileux.

En effet, la cuisson des minéraux argileux sans vitrification s’opère dès 600°C, une température facilement obtenue dans un simple feu de bois. La cuisson est alors définitive mais le matériau reste poreux. L’application d’un émail étanchéifie la pièce qui devient alors une faïence mais cette technique est apparue après la Préhistoire. Les cuissons vitrifiantes à haute température (supérieure à 900°C), produisent des pièces étanches dans la masse, les grès et porcelaines, mais elles aussi n’ont été maîtrisées qu’après la Préhistoire.

C’est la cuisson de l’argile qui a assuré sa conservation mais, exceptionnellement, des objets en argile crue, comme des colombins en attente de montage, ont pu être retrouvés.

Colombins d’argile crue trouvés à la grotte de Chazelles.
Saint-André-de-Cruzières. Ardèche. Photo A. Dubouloz

Les poteries

En Europe occidentale, les poteries font leur apparition en même temps que l’agriculture, au début du Néolithique, vers – 6000 ans.
Leur rôle de stockage est manifeste pour les récipients de grande taille. Céréales et légumes secs pouvaient y être conservés à l’abri des insectes, des rongeurs et de l’humidité. Les grandes jarres ont aussi servi à collecter et conserver de l’eau dans des grottes, appelées « grottes citernes » .

Jarre de stockage de 75 cm de haut. Site des Bruyères. Saint-Julien-de-Peyrolas. Gard. Photo A. Dubouloz

 

Évocation de l’utilisation d’une grotte citerne. Dessin B. Clarys

 

Les poteries de volume plus modeste constituaient une vaisselle quotidienne qui a vraisemblablement permis de nouvelles préparations culinaires.

Vase de la grotte du Pontiar. Vallon-Pont d’Arc. Ardèche. Photo A. Dubouloz

Jatte de la grotte du Pontiar. Vallon-Pont d’Arc. Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Évocation d’un repas néolithique en famille. Dessin B. Clarys

Les faisselles ont un rôle alimentaire en permettant l’égouttage et le séchage du lait caillé en vue de le transformer en fromage sec.
Certaines poteries ont eu un rôle symbolique comme le montrent les vestiges trouvés dans les sépultures. Il est possible que certaines d’entre elles étaient garnies d’offrandes alimentaires.

Faisselle de la grotte des Lunettes.
Vallon-Pont-d’Arc. Ardèche

 

Petit bol à anse trouvé dans une grotte ayant servi de sépulture. Aven Meunier. Saint-Martin d’Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Beaucoup de poteries ont des formes qui n’ont pas d’intérêt fonctionnel et des décors parfois si élaborés qu’il a probablement fallu plus de temps pour les réaliser que pour monter le pot. Ces « canons » esthétiques se retrouvent sur des aires géographiques et des périodes bien définies. A l’instar des outils en silex du Paléolithique supérieur, ces styles céramiques sont l’expression de traditions qui témoignent de l’existence de groupes partageant certains caractères culturels.

Vase à carène basse de l’aven Jacques. Lussas. Ardèche. Photo A. Dubouloz.

 

Décor réalisé à l’aide du bord d’un coquillage, une coque, dont le nom scientifique, Cardium, a donné son nom à la culture cardiale du Néolithique ancien méridional. Grotte de Chazelles. Saint-André-de-Cruzières. Ardèche.
Photo F. Prud’homme

 

Les poteries de l’âge du Bronze sont toujours montées à la main et cuite au feu de bois mais elles sont souvent plus fines.
L’enfumage des pièces après la cuisson permet au carbone de rester piégé dans les pores de la terre cuite en donnant une couleur noire brillante tout en diminuant la porosité. La multiplication des fonds plats, plus stables sur une surface plane, peut indiquer le développement du mobilier dans les habitations. Les poteries à fonds ronds du Néolithique convenant mieux aux sols en terre et aux dispositifs de suspension.

Coupe à paroi fine, terre cuite enfumée. Grotte des Cloches. Saint-Martin-d’Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Écuelle cannelée à pied. Grotte des Cloches. Saint-Martin-d’Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Cordon multi-foré sur la panse d’une poterie néolithique destinée à la suspension. Grotte des Trois A. Gras. Ardèche

La période antique voit l’apparition des poteries montées au tour et cuites au four, d’abord importées puis réalisées localement. Si de rares pots non tournés persistent jusqu’au Moyen-Âge, c’est le plus souvent le critère principal permettant d’identifier les productions préhistoriques.

Les fusaïoles et autres objets en céramique

Si la grande majorité des objets préhistorique en céramique est constituée de récipients de toute taille et de toute forme, cette technique a permis d’autres type de productions, comme les fusaïoles qui servaient à lester les fuseaux pour transformer la laine de mouton en fil. Quelques perles en terre cuite ont été retrouvées ainsi que des trompes d’appel dont seuls quatre exemplaires sont connus en France.

Fusaïole. Grotte de Peyroche. Saint-Alban-Auriolles. Ardèche

Évocation du filage de la laine à l’aide d’un fuseau lesté d’une fusaïole en céramique. Dessin B. Clarys

Dès la fin du Néolithique, avec les débuts de la métallurgie, apparaissent de nouveaux outils en céramique : les tuyères, les creusets et des moules.

Les outils en métal

Les premiers objets en métal ont été produits en Anatolie (Turquie) à partir de cuivre natif martelé, dès 6 500 ans avant notre ère. Les gisements de cuivre natif, c’est-à-dire à l’état de métal pur, s’épuisant rapidement, les premiers métallurgistes ont commencé à extraire le métal des roches où il était présent sous forme d’oxydes et de sulfures. Le travail des alliages est très précoce et probablement involontaire car, souvent, le minerai de cuivre contient d’autres métaux, de l’arsenic notamment. Le bronze, alliage de cuivre et d’étain (entre 3 et 20 % d’étain), se répand en Europe au troisième millénaire avant J.-C.

Le fer est maitrisé en Anatolie, et probablement en Afrique, dès la fin du troisième millénaire avant J.-C.

En France, la métallurgie du cuivre débute vers -3 500 ans dès le Néolithique final, l’âge du Bronze commence vers -2 300 ans et l’âge du Fer vers -750 ans. Des exploitations de minerais de cuivre préhistoriques sont attestées dans les Hautes-Alpes à Saint-Véran et dans l’Hérault à Cabrières.

La technique

La fabrication d’objets en métal passe par deux étapes : extraction du métal à partir du minerai puis transformation du métal en objet.

Du minerai au métal :
Certains métaux, le cuivre, l’argent, le plomb et l’or, existant à l’état métallique dans la nature, ont donné lieu très tôt à la production d’objets par martelage mais après épuisement des gisements ou pour des métaux n’existant pas à l’état natif, comme le fer (à part dans certaines météorites, très rares), il a fallu les extraire des roches. C’est le principe de la réduction :

· On chauffe à plus de 1000°C un mélange de roche fragmentée et de charbon de bois ; l’oxygène des oxydes métalliques se combine avec le carbone du charbon pour former du CO2 ;

· Le métal, débarrassé de son oxygène est alors « réduit » à l’état de métal pur ;

· Dans le cas du cuivre, on récupère le métal sous forme de billes dans la roche fondue puis refroidie ;

· Dans le cas du fer, on épure le mélange métal / roche fondue par martelage à chaud. Cette épuration étant imparfaite, il reste du carbone (entre 0.02 et 2 %) : l’alliage ainsi obtenu est l’acier, plus dur et résistant que le fer pur.

Du métal à l’objet :
Le cuivre et le bronze fondent à des températures comprises entre 900 et 1085°C selon le taux d’étain mais ils doivent être chauffés très au-dessus de leur température de fusion pour pouvoir être travaillés, soit environ 1200°C. Pour cela on utilise des soufflets en peau équipés de tuyères en céramique pour attiser un feu de charbon de bois dont le pouvoir calorifique est supérieur à celui du bois. Le métal est fondu dans un creuset en céramique puis coulé dans un moule en pierre, en argile crue ou en bronze. À noter que, dans ce dernier cas, le fort écart de température entre le métal fondu et le moule froid empêche l’adhérence de l’objet au moule et permet un démoulage aisé.

Fragment de tuyère en céramique. Serre de Boidon. Grospierres. Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Creuset expérimental ayant servir à faire fondre du cuivre

 

Moule bivalve expérimental en pierre. La lame de poignard a été coulée dans ce moule par un archéologue expérimentateur

Le fer, qui fond à plus de 1500°C ne pouvait être fondu par les hommes préhistoriques. La masse d’acier extraite du four de réduction était donc forgée, c’est-à-dire martelée à chaud, jusqu’à l’obtention de la forme désirée.

Les objets produits

Quasiment aussi dur que la plupart des roches mais beaucoup moins cassant, le métal s’est peu à peu imposé dans la fabrication d’outils tranchants ; les haches et lame de poignard en cuivre sont parmi les premiers objets produits, en parallèle avec leurs homologues en pierre polie ou taillée. Les formes simples des premiers outils en métal semblent être inspirées des outils en pierre. La forme des haches évolue durant l’âge du Bronze en rapport avec l’évolution des dispositifs d’emmanchement. Comme les haches à lames de pierre polie, les haches à lames en métal devaient être utilisées pour le défrichage.

Lame de hache plate en cuivre, probablement inspirée d’une hache en pierre polie. Grotte du Déroc. Vallon-Pont-d’Arc. Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Série de lame de haches en bronze montrant l’évolution des modes d’emmanchement. Le Pouzin. Saint-Alban-Auriolles. La Voulte. Ardèche. Aiguèze. Gard

 

Lame de poignard en cuivre, probablement inspirée d’une lame en silex taillé

 

 

Reconstitution d’une hache de l’âge du Bronze avec son manche de bois et sa lame en métal

 

Évocation d’une scène de défrichage à l’âge du Bronze. Dessin B. Clarys

 

 

Les métallurgistes préhistoriques ont produit d’autres objets utilitaires comme des couteaux ou des pointes de flèche.
Cependant la majorité des objets en métal produits est constituée d’objets d’apparat. Certains objets, a priori utilitaires comme les poignards et les épées, ont pu avoir aussi un rôle de marqueur social.

Épée en bronze. Grotte de la Violette. Salavas. Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Pointe de flèche en bronze. Grotte du Déroc. Vallon-Pont-d’Arc. Ardèche. Photo A. Dubouloz

 

Couteau à soie (pointe destinée à l’emmanchement) en bronze. Grotte de la Violette. Salavas. Ardèche. Photo A. Dubouloz